Chief Compliance Officer (CCO), des profils très recherchés
En Europe, il faudra attendre les premières sanctions américaines contre la Société Générale, UBS… et l’application extra territoriale du droit américain. Puis, plus récemment, en France, la loi Sapin II et la mise en place du RGPD ont conduit à un intérêt croissant des entreprises pour les spécialistes de la compliance.
Un marché en plein essor, que les entreprises internalisent
Si pendant très longtemps, la compliance a été considérée comme une simple fonction support, appliquée seulement dans les entreprises des secteurs bancaire et financier, elle s’impose à l’heure actuelle dans de plus en plus de moyennes et grandes entreprises et s’inscrit au cœur de leurs stratégies.
Ainsi, un nombre croissant de groupes se dotent aujourd’hui de directions dédiées à la mise en place de la compliance, ou bien à défaut, de profils spécialisés dans ce domaine, en particulier dans les plus petites structures. En outre, les CCO siègent généralement au sein des comités de direction, signe que ces sujets sont considérés comme vitaux pour les entreprises.
Par ailleurs, si le recrutement dans le secteur du juridique se porte très bien, celui de la compliance se porte particulièrement bien. Dans une étude de 2019, le juriste spécialisé en compliance se situe dans le top 3 des profils juridiques et fiscaux recherchés par les entreprises en 2019 et tout porte à croire que cette tendance est en train de s’inscrire dans la durée.
Le profil du CCO en chiffres
Le profil type : qui sont ces spécialistes de la compliance ?
Des profils expérimentés et pluridisciplinaires : Dans un marché de la compliance en plein essor, les entreprises privilégient les profils expérimentés. En effet, 75% du marché est représenté par des personnes d’au moins 8 ans d’expérience, et 47% des profils ont plus de 15 ans d’expérience. Cependant, même pour les profils les plus expérimentés, peu d’entre-eux ont une expérience de plus de 8 ans sur les sujets compliance en eux-mêmes. De plus, la majorité des personnes consultées répondent ne pas y passer tout leur temps. Le juriste en compliance a ainsi généralement un profil pluridisciplinaire.
Par ailleurs, il faut dire que les sujets compliance sont larges et regroupent principalement la protection des données, la concurrence, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, la corruption, le respect des droits humains mais également la discrimination et le harcèlement au travail.
Un rattachement stratégique
Dans la plupart des entreprises, les spécialistes de la compliance sont au cœur de la stratégie. Ainsi, dans près de 60% des cas, les sujets compliance sont du ressort de la Direction Juridique et conformité. Ils peuvent aussi être portés par la Direction Générale (19% des cas), notamment dans les plus petites structures où il est primordial que celui qui s’occupe de la compliance puisse avoir un lien fort avec la Direction.
De plus, le CCO doit avoir un véritable poids dans l’entreprise puisqu’il ne doit pas seulement faire appliquer un ensemble de règles mais bien modifier en profondeur la culture de l’entreprise et être visionnaire des différents risques encourus. Il doit donc être au cœur ou a minima proche de la stratégie de l’entreprise.

Des rémunérations en hausse
Avec un marché en expansion et des responsabilités plus importantes, les rémunérations du secteur ont fait un bond significatif*.
Ainsi, le salaire d’entrée se situe en moyenne entre 40.000 et 50.000 euros brut par an pour un jeune diplômé ayant en dessous de 3/4 ans d’expérience. Au-dessus de cette séniorité et jusqu’à environ 10 ans d’expérience la rémunération oscille entre 50.000 et 80.000 euros brut par an, ce qui équivaut aux rémunérations d’un responsable juridique.
Quant aux Directeurs compliance avec une équipe, la rémunération se situe entre 120.000 et 150.000 euros brut annuel. Cette rémunération qui est supérieure à bien des postes juridiques à responsabilité s’explique notamment par les risques supportés par cette fonction*.
Les entreprises tendent à internaliser cette fonction, et on observe la mise en place d’un véritable marché de spécialistes du sujet, ce qui engendre un effet dynamique pour le secteur avec un potentiel en croissance continu.
Les cabinets d’avocats ne sont pas en reste puisqu’ils développent eux-mêmes de plus en plus leurs départements compliance.
* »Salaires : la compliance peut rapporter gros », les Echos Executives, Delphine Iweins, publié le 30/01/2019